Au terrain d'entraînement [Terminé]

Ce matin, je vagabondais dans les couloirs tout en sirotant mon semblant de café. Enfin... je faisais plutôt semblant de vagabonder, car je semblais tourner en rond depuis déjà un bon moment. Je n’avais toujours pas rencontré les scientifiques avec qui je travaillerais au cours des prochains jours, et je dois dire que ça m’ennuyais. Je n’avais qu’une hâte; sortir de cette forteresse métallique et courir un peu dans la brousse, récolter des échantillons et observer les composants bio cellulaires. Quand on est en médecine, on est piqué pour la vie…

Ce fut des cris sous forme d’ordre qui ralentirent mes pas alors que je passais sur une passerelle légèrement en hauteur. Devant moi s’étendait une forme de stade où couraient et s’entraînaient des soldats. La bouche légèrement entrouverte sous l’effet de surprise, mes prunelles bleues ne pouvaient se détacher du spectacle qui s’offrait à moi.

- Injustice!

Ce mot était sorti tout seul. Mon cœur se mit à battre un peu plus rapidement que la normale; l’excitation prenait le dessus. Après tant de temps à rester immobile, mes jambes ne demandaient qu’à piquer un sprint, mon cœur ne demandait qu’à palpiter, mes muscles qu’à travailler. Mais… il aurait paru étrange qu’une scientifique course aux côtés de miliaires. C’est pourquoi je restai à les observer qu’en simple spectatrice, le cœur lourd. Je ne savais pas si j’en avais le droit, mais il y avait tant de gens qui passait par ici que je doutais enfreindre un quelconque règlement. Je ne sais pas depuis combien de temps je les regardais s'entraîner tout en analysant leurs mouvements, en décortiquant les muscles et le taux d'hormones qu'ils solicitaient, mais c'était bien mieux que de continuer à me perdre dans la base.

En fait, je trouvais qu'ils ne couraient pas bien... quand ils passaient près de la palissade je les entendais respirer comme des taureau. Autant de force pour respirer gaspillée ralentissait leur course. Je m’ennuyais tant qu’une pensée plus qu’égoïste me traversa l’esprit. Si quelqu’un se blessait ça me ferait de quoi à faire. En tant qu’interne, j’avais le droit de pratiquer la médecine. Malgré tout, je refoulai rapidement cette sombre pensée, vouloir du mal était plus que malsain…

L'envie était trop forte pour que je ne puisse résister à l'envie d'aller voir de plus près ce parc d'attraction qui s'offrait à mes yeux. Je trouvai des escaliers qui me permettrait de descendre et approchai à petite foulée de deux militaire. L'un d'eux ne me vit pas arrivé, et sembla avoir fini de faire joujou avec son arme à feu. Je m'approchai donc du second. Mon sarrot blanc revêtu, ça crevait les yeux que je ne faisais pas parti de leur petit groupe, malgré tout mon assurance était en béton.

- Monsieur... soldat. Je vous dérange ?

Je n'attendis même pas le temps qu'il me réponde. Tout en souriant, je poursuivis.

- Je vous ai regardé courir ce matin, vous devriez songé à faire des exercices de respiration. Vous respirez trop fort, le manque d'apport en oxygène à vos muscles vous ralentissent. Sans cela, vous auriez terminé avant tout le monde.

Mes joues rosirent légèrement lorsque je m'aperçu que je lui faisais un peu la moral. Mes prunelles bleues se posèrent sur une silhouette qui semblait s'approcher à grand pas de nous. L'instructeur ne semblait pas de bonne humeur. Ce n'était tout de même pas de ma faute si il ne leur montrait pas comment respirer convenablement. Il fallait bien que quelqu'un leur dise.

-Bref... vous savez si le reste du personnel peut s'entraîner sur la base ?

Je fus soulager de voir qu’il ne sembla pas piquer dans son orgueil lorsque je lui donnai mon conseil. Mon sourire redoubla lorsqu’il me dit que le terrain était libre pour tout le monde, mais disparu rapidement sous son ricanement.

- Bien sûr, le terrain est ouvert à tous. Pourquoi cette question ? Vous voulez courir, vous, une scientifique ?

Bon au moins, il ne mettait pas en doute que je sois une scientifique. Blonde et intelligence était le stéréotype que je devais confronter à tous les jours. Cette fois-ci le challenge était différent et plus qu’interessant. Toujours de mon ton assuré, je lui répliquai sans tarder tout en me retenant de rire.

- Les soldats, vous êtes tous les mêmes! Ce n’est pas parce que j’ai moins de muscles que vous, et que je fais de la recherche, que cela vous donne le droit de juger ma capacité physique. Mes jambes sont longues et fermes. Je peux courir une heure sans la moindre difficulté. Et je vous rappelle que c’est moi, qui viens de vous donner un conseil. Je vous battrais à la course sans le moindre problème soldat, alors vos commentaires vous pouvez vous les garder.

Sur ces derniers mots, je croisai les bras contre mon corps tandis qu’un petit sourire étirait mes lèvres en coin. Si ce soldat pensait pouvoir remettre en question ma santé physique, il se mettait le doigt dans l’œil. Mon attention fut momentanément attiré par un soldat qui se dirigeait vers l’instructeur. Ils échangèrent quelques mots, mots qui ne semblèrent pas faire plaisir au principal interessé.

- content de vous voir ici cher madame, désolé pour le sergent-instructeur il se comporte parfois comme un canich qui n'a pas eu sa paté.Le champ de course est libre si vous voulez y aller.

J’éclatai tout simplement de rire. Il n’y avait pas à dire, cet homme n’avait pas la langue dans sa poche. Contrairement à ce que j’aurais pensé, ma présence semblait bien tolérée.

- Je vous remercie, mais il semble que votre confrère doute de ma capacité à la course. Je jetai un coup d’œil espiègle à ce dernier.

Ce sont toujours les vingt premières minutes qui demandent le plus à l’organisme, car c’est la période de temps que prend ton corps afin de s’échauffer et de s’habituer au rythme cardiaque. N’oublie pas de respirer, comme un compteur. Il doit passer deux foulées entre chaque inspiration et expiration. Le temps que l’oxygène pénètre les poumons et distribue au sang l’apport nécessaire aux muscles. Après, tout n’est qu’une question d’énergie.

Les yeux fixés droit devant moi sur un point invisible, je me répétais inlassablement les paroles de mon maître d’études. M. Addyl, sa mort ne serait pas veine, j'en faisais le serment. Trop de morts, trop de peines pour des familles, des amis... Je prenais de bonnes respirations, sentais mes muscles travailler sous la peau. Je n’eus aucun mal à courser pendant une heure. Je détestais être sous-estimée, je ne sais pas si j'aurais été capable de survivre à une course à obstacles telle que l'avait proposer le militaire, mais une chose était sur j'avais de l'endurance et je l'aurais battu sur la piste. Ou le tout se serait jouer de justesse. Les muscles étaient beaux en apparences et permettaient de soulever de grosses charges, mais ça faisait lourd a traîner. J'avais l'avantage d'être plus légère, je me fatiguais ainsi bien moins rapidement.

Lorsque je revins tout près de la bande reprendre possession de ma blouse, un sourire de satisfaction caressait mes lèvres. Quoi de mieux que de sentir son coeur battre à une vitesse folle sous sa poitrine, nos poumons purifier, et la fière sensation d’avoir bien travailler. Je sorti du camp d’entraînement sans me soucier du drôle de regard que me lançait certains soldats ou scientifiques qui devait se demander d’où je venais. Ce n’est qu’en suivant quelques blouses blanches que je finis par me repérer au sein de la base. Ils devraient mettre quelques plans sur les murs...

Après être allée prendre une bonne douche, mon ventre se mit à crier famine. J'attachai mes cheveux encore humides en un semblant de couette, et enfilai de nouveaux vêtements, soient; une paire de jean, un débardeur noir, sans oublier ma blouse de scientifique. Il fallait que je pense à passer par le labo. Le travail devait commencer maintenant... ou après avoir grignoter un petit quelque chose.

J’entrai dans la cantine et posai mes prunelles bleues sur les personnes assises aux diverses tables. Un peu de tout; soldats, administratifs, scientifiques et autres civils. J’adressai un petit sourire a celui qui servit mon repas... du moins la pâte molle qui se trouvait dans le bol. Lorsque je me retournai, mon regard s’attarda sur un homme qui contemplait son cabaret vide. Alors que je me rapprochais de lui, je le reconnu. Ce qui vint provoquer un fou rire. Quelques têtes se tournèrent dans ma direction, se demandant sans doute ce qui pouvait être si drôle sur cette base. Je m’arrêtai devant lui, toujours un sourire espiègle sur les lèvres.

- Je vous ai fait une fleur, vous n’avez pas eu à perdre la face devant vos confrères. Du moins eus-je la décence de parler tout bas.

N'obtenant aucune réponse immédiate, je me vis dans l'obligation de me justifier. "Je blague... Disons que je l'aurais emporter de quelques mètres"

Légèrement étonnée de le voir seul, je regardai un peu autour de nous afin de voir si j'arriverais à identifier son fidèle acolyte.

Ne le voyant pas dans les parages, je posai mes fesses sur la chaise qui se trouvait face à lui. Ces deux militaires étaient les premiers avec qui j’avais officiellement socialisés. Mis à part eux, je n’avais pas encore fait connaissance avec qui que se soit. Je pris une bouchée de l’étrange pâte tout en me retenant de faire une grimace, il ne servait à rien de se rebeller contre la nourriture. Quoi que le goût soit détestable, ça avait l’avantage de nous rassasier convenablement.

- Nous nous sommes pas encore départagé, même si je pense que c'est MOI qui aurait gagné.
- Hum Hum! Oui, dans vos rêves.

Un sourire éclaira de nouveau mon visage, alors qu’un nouveau rire s’élevait avant que je ne prenne une nouvelle bouchée de mon repas. Lorsque je relevai mes prunelles bleues, je le surpris alors qu’il m’observait. Nullement gênée, je le fixai droit dans les yeux.

- Je m'appelle Cole. James Cole. Et vous, c'est Dillawn, votre p'tit nom, je suppose ?
- Touché ! Harris, Dillawn Harris. Scientifique, je fais partie du projet Avatar. Dîtes-moi M. Cole, qu’êtes-vous venus chercher sur Pandora ?

J’imaginais bien que je n’étais pas la seule à lui avoir poser la question, mais je devais admettre que la réponse m’intriguais toujours. Certains étaient ici pour le prestige, tirer sur tout ce qui bougeait, fuir la vie qu’il menait autrefois... bref on évantaille de réponse s’offrait. Cela en disait beaucoup sur une personne, quoi qu’il avait la possibilité de me mentir. Mon repas terminé, je poussai mon cabaret sur le côté de la table.